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Interview de D'Jal. L'humoriste cosmopolite se confie...

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Bonjour D'JAL, vous passerez sur la scène du Palais des Congrès Charles Aznavour à Montélimar le 12 décembre. Nous avons quelques questions :

- D'où vient votre nom de scène ?
Mon vrai prénom c'est Djalel, et comme ça ressemble beaucoup à Jamel, j'avais posé la question à des potes qui m'ont conseillé d'utiliser mon surnom, comme on m'appelait dans le quartier où j'habitais.

- Quel est votre parcours ?
Je suis le fils d'une famille d'immigrés marocains, j'ai vécu en banlieue. J'étais pas très attentif à l'école, j'avais d'autres envies, je m'ennuyais. J'étais pas perturbateur, plutôt bout en train. Puis j'ai fait beaucoup de choses, j'ai été touche à tout. Et un jour j'ai travaillé dans un centre pour handicapés, pour myopathes et la rencontre avec ces personnes a totalement changé ma vie, la façon dont je voulais créer ma vie. Ils m'ont donné de la force et j'en parle dans mon spectacle, de Lassana en particulier qui croyait en moi. J'avais des rêves de devenir comédien, humoriste et lui il croyait fort en moi. Malheureusement il est décédé et je lui avais fait la promesse que je le rendrais fier.

- Humoriste, c'était un rêve de gosse ou pas du tout ?
Oui et non, je voulais juste m'amuser. Et de toute ma vie je ne veux que m'amuser et rester le plus longtemps possible un grand enfant. C'est ce que ce métier me permet de faire, même s'il nécessite beaucoup d'efforts, beaucoup de travail, beaucoup de sérieux, qui est fatigant avec les allers-retours. Mais quand je suis sur scène, je deviens ce grand enfant. Égoïstement, le premier qui doit s'amuser et se marrer c'est moi et après c'est communicatif pour amuser les gens. J'essaye de prolonger mon enfance le plus longtemps possible.

- L'humour D'Jal, comment peut-on le définir ?
Je sais pas, c'est plutôt le public qui va venir me voir, certains vont aimer, d'autres pas, certains vont être sensibles, d'autres pas. Je ne sais pas s'il y a un humour D'Jal. C'est bon enfant. J'aime faire le pitre , être un show-man. J'adore le stand-up mais j'aime pas son côté statique, j'aime qu'on me fasse voyager, qu'il y ait une explosion. J'ai toujours été attiré par l'humour américain par exemple, étranger et français. C'est très difficile à définir.

- Quelles sont vos idoles et modèles comiques passé et présent ?
Je suis trop bon public, j'aime tous les styles d'humour : de l'humour de situation, de l'humour noir...
Il y a Jamel bien entendu, parce que j'ai une affection particulière pour lui. Après tout dépend mon humeur. En ce moment je redécouvre Charlie Chaplin et je suis comme un enfant devant ce génie. Je suis très ouvert.

- Que trouve-t-on dans votre spectacle ?
C'est un spectacle toujours à cent à l'heure, je suis une pile électrique, ça part très fort du début à la fin, de nouveaux personnages, avec toujours mon Portugais dans de nouvelles situations pour surprendre après « louloucoptère », des sketchs encore plus fort. Mais aussi de l'émotion « à cœur ouvert », le nom du spectacle, sur des sujets plus difficiles, plus profonds, avec lesquels je fais rire comme le cancer au travers de ma mère, sans tomber dans le pathos. Le spectacle est un Hymne à la vie, un hommage à Lassana, sans qui je ne serais peut-être jamais monté sur scène. Mais je vous rassure nous allons rire en prenant conscience du sens de la vie, de l'importance de ses proches, des rencontres.

- Le personnage du Portugais est né comment ?
J'imitais les parents de mes potes à l'époque et je faisais tous les accents, portugais donc mais aussi africain, antillais, pakistanais. Et comme il n'y avais pas de sketch sur les Portugais, je l'ai affiné, je l'ai mis dans des situations pour l'amener là où il est. Au delà de l'accent, c'est un clown au milieu d'une situation comique.

- Rire de l'autre, qu'il soit portugais, musulman ou suisse, ce n'est pas finalement mieux le connaître et le comprendre pour tendre vers une société cosmopolite ?
Oui, la France est multi-confession, multi-culturelle, multi-ethnique, c'est ce qui a fait les fondamentaux de ce pays. Les oublier c'est oublier la France. La France est différente par ses régions, par ses habitants. Pouvoir en rire, ça permet de désamorcer pas mal de choses, à l'heure d'un certain repli communautaire, religieux, politique, à tous les niveaux avec la peur de l'autre, alors que l'autre apporte quelque chose, c'est la force de ce pays. Je continuerais à rire de l'autre. Comme je le dis haut et fort dans le spectacle, on est une seule et unique France, on est différent mais on est Français et c'est une fierté pour tous. Mais certains essayent de nous diviser, il y a des donneurs de leçons. C'est pas la France que j'ai connu et que je connais et l'accueil du spectacle me donne raison. Il n'y a rien de méchant, il faut savoir rire des autres et de soi-même.

- Quand on enchaine les dates, comment fait-on pour être toujours au top sur scène et ne pas tomber dans la lassitude ?
Du repos tout d'abord et la chance que j'ai c'est d'écrire pour l'endroit où je suis, je fais toujours cet exercice là qui me demande beaucoup, pour trouver de la fraicheur et que je me marre, que je me surprenne. Ainsi la routine ne s'installe pas.

- Un souvenir du Jamel Comedy Club ?
Il y a des souvenirs fabuleux, d'autres un peu plus compliqués, mais le souvenir de Jamel qui me dit encore récemment « Reviens à la maison , ça fera plaisir», ça montre bien quelle personne il est et l'affection qu'on porte. Je crois beaucoup au destin, aux rencontres, qu'il faut provoquer aussi. Ça a été une belle reconnaissance.

- Hâte de venir à Montélimar ?
Oui ! J'ai la chance et le bonheur de jouer partout en France, à Montélimar, au Pays basque, en Corse, aux Antilles, en Auvergne, à Paris, Marseille... Le public me suit et je suis extrêmement fier de cela.

- Un mot pour convaincre les derniers indécis de venir vous voir ?
Tout ce que je peux leur dire c'est que ça va être une grande fête, il suffit de voir un peu les retours sur ce spectacle dont je suis fier. Je sais qu'à Montélimar comme ailleurs les gens vont se marrer du début à la fin, et comme les habitants de la région de Montélimar sont « chauds », ça va être un feu d'artifice. J'ai fais ce spectacle pour le public, pour que ce soit un hymne à la vie, un ascenseur émotionnel. Ça commence sur les chapeaux de roues, ça se termine en apothéose. J'ai tellement travaillé ce show, je suis excité à l'idée de rencontrer le public. Vous allez kiffer !